À Gembloux Agro-Bio Tech, des chercheurs développent deux produits naturels à base d’huiles essentielles. L'un pour accélérer la croissance des sapins de Noël. L'autre pour les protéger des mauvaises herbes. Le projet, renommé XTREE, est prometteur.
Exposées sans interruption à la lumière, dans une pièce chauffée en permanence à 20 degrés, de jeunes pousses de sapin grandissent dans des conditions particulières, dans un laboratoire transformé en pépinière. La terre qui les entoure a été mise en contact avec un bioherbicide censé éradiquer les mauvaises herbes autour de l’arbre. Le but est de voir comment le microbiote du sol réagit à ce produit naturel à base d’huiles essentielles.
« On pulvérise notre produit sur la terre. Ensuite, on analyse si les populations de micro-organismes, c’est-à-dire les champignons ou les bactéries, restent les mêmes et sont stables », explique Haissam Jijakli, professeur en phytopathologies à Gembloux Agro-Bio Tech. « Et les premiers résultats indiquent effectivement qu’on n’a pas de perturbation du microbiote. »
Un bioherbicide efficace face aux adventices
À quelques pas de là, sur le campus de Gembloux Agro-Bio Tech, ce même produit est directement appliqué sur des mauvaises herbes. Des adventices susceptibles de puiser les nutriments des jeunes sapins et de les priver de la lumière du soleil. Ici aussi, l’effet des huiles essentielles semble encourageant.
« Ce que j’observe, ce sont des feuilles qui se dessèchent très rapidement. D’abord la feuille, puis la tige », révèle Thomas Demortier, assistant de recherche sur le projet. « On a des plantes qui se détruisent rapidement. »
Un biostimulant pour gagner de 2 ans de croissance
Ces recherches menées à Gembloux s’inscrivent dans le cadre du projet XTREE, un subside européen qui, en parallèle du bioherbicide, se penche sur l’étude d’un biostimulant naturel capable d’accélérer la croissance des sapins de Noël.
« Cela représente un intérêt important, puisque la culture demande beaucoup de temps : un à deux ans en pépinière avant de les transplanter, puis encore deux ans en pépinière avant une seconde transplantation en culture, où le sapin devra pousser pendant dix ans avant de pouvoir être récolté et mis à la vente », détaille Haissam Jijakli. « Donc, si on gagne un ou deux ans, c’est autant de terres non immobilisées et un revenu plus élevé pour le producteur de sapins. »
Une formule reproductible pour d’autres cultures
Autre avantage de ces solutions à base d’huiles essentielles pour les sapins de Noël : elles sont facilement modulables. Quelques changements mineurs permettent de les appliquer à d’autres cultures.
« Mes collègues travaillent sur le développement d’autres pesticides, mais surtout d’herbicides. Ces produits, à destination des professionnels, ont une formulation très proche de celle sur laquelle je travaille », explique Thomas Demortier. « En se coordonnant, on va donc pouvoir proposer différents types de bioherbicides qui se complètent pour les professionnels. »
La phase de test de ces produits devrait encore durer plusieurs mois. Une fois mis au point, les chercheurs espèrent les homologuer rapidement afin de les rendre accessibles sur le marché et de proposer des alternatives prometteuses pour protéger la santé des sols et des êtres humains.
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