À Chastre, le castor vit des jours paisibles. Protecteur des écosystèmes aquatiques, la cohabitation avec l'homme n'est pour autant pas toujours simple, notamment avec les pêcheurs. On fait le point sur le problème et les solutions à apporter.
En contrebas du chemin de fer, le bois à hauteur du Moulin de Godeupont ne laisse planer aucun doute : les nombreuses souches taillées en pointe attestent de la présence du castor. Le long de l’Orne, on dénombre en 2025 trois territoires implantés durablement, identifiables grâce à des barrages. Des édifices permettant d’immerger l’entrée des logis des castors et qui constituent de véritables bijoux architecturaux.
« Le castor place de nombreuses branches dans l’axe du cours d’eau pour faire contrepoids par rapport au poids de l’eau. D’autres viennent dans l’autre sens aussi. Tout est bien colmaté », explique Jérémie Guyon, chargé de mission pour le Contrat de rivière Dyle-Gette. « C’est extrêmement résistant. Si on ne le dérange pas, il n’y a aucun problème. Même une crue ne va pas le démonter. »
Des nuisances pour les pêcheurs
Grâce à son empreinte, le castor recrée des habitats favorables pour d’autres espèces liées au milieu aquatique. Mais à Chastre, sa présence semble compliquer l’activité des pêcheurs. Ils se plaignent de berges devenues inaccessibles et de zones d’eau stagnante en amont des barrages.
« Pour qu’une rivière se développe correctement, il faut qu’il y ait du mouvement dans l’eau. Il faut des cascades, des remous et des tourbillons, ce qui permet d’oxygéner l’eau. Mais sur ce site, on voit bien que l’eau est stagnante. Elle n’avance plus parce qu’elle est bloquée par le barrage du castor », relève Michel Pierre, président du club de pêche Le Brochet de la Dyle. « Pour la truite par exemple, qui a besoin d’oxygène, c’est compliqué. On risque d’avoir un phénomène d’eutrophisation dans la rivière, ce qui n’est bon ni pour la faune ni pour la flore. »
La pose d’un tuyau
Face à cette situation, des solutions sont mises sur la table, notamment la pose d’un tuyau favorisant le passage de l’eau à travers le barrage. « C’est un système qui a déjà été utilisé à certains endroits et qui nous semble envisageable », poursuit Michel Pierre. « Certains vont nous dire qu’il y a un risque que le tuyau se bouche de temps en temps. Mais nous, on est prêts à venir vérifier l’installation régulièrement pour que ça puisse être pérenne dans le temps. »
Si les pêcheurs se montrent proactifs, attention néanmoins à ne pas aller trop vite. Pour le Contrat de rivière Dyle-Gette, certaines précautions d’usage sont nécessaires. « Ça pourrait peut-être s’envisager, mais il faut analyser la situation correctement. Il faut prendre en compte le débit ou la charge de l'eau », nuance Jérémie Guyon. « Ici, notamment, on est dans un pertuis juste après le barrage, ce qui provoque une accélération du courant. Donc si on place un tuyau, il faut se demander si ça va tenir avec les inondations. »
Sur ce site, la pose d’un tuyau ne devrait donc pas voir le jour dans l’immédiat. Le barrage devrait être préservé sous sa forme actuelle. Attention si vous tombez sur une telle construction lors d’une balade : veillez à ne pas y monter, mais simplement à l’admirer des yeux.
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