Dans le cadre du projet ExtraBark, des chimistes de Gembloux Agro-Bio Tech valorisent les écorces de bois en transformant certaines molécules en huiles essentielles. Ces substances naturelles offrent une alternative prometteuse aux pesticides chimiques.
Dans leur laboratoire de chimie des molécules naturelles, des chercheurs de Gembloux Agro-Bio Tech s'intéressent aujourd'hui à un déchet généré en quantité importante dans les scieries : les écorces de bois. Munis d'une machine semblable à un mixeur de cuisine, ils ont pour objectif d'obtenir une huile essentielle en extrayant des molécules à haute valeur ajoutée présentes dans l'écorce.
"On utilise le principe de l'hydrodistillation. Le principe est tout simple. On met l'écorce dans de l'eau qu'on va chauffer. Les vapeurs d'eau vont entraîner des molécules volatiles. On va alors condenser ces vapeurs et séparer l'eau de l'huile essentielle qui va surnager " décrit Marie-Laure Fauconier, la responsable du laboratoire.
Un intérêt pour le peuplier, le pin et le robinier
Une fois récupérées, ces huiles essentielles deviennent des liquides précieux. Selon les chercheurs, elles pourraient prochainement devenir une alternative aux pesticides chimiques utilisés dans l'agriculture et l'industrie du bois.
Outre les huiles essentielles à base d'écorces de peuplier, "on a de très bons résultats avec les huiles essentielles de pin sylvestre et de pin maritime, qui ont de bonnes propriétés fongicides. Et on a également de très bonnes impressions avec les écorces de robinier, aux propriétés herbicides intéressantes", détaille Marie-Laure Fauconnier.
Les écorces de la Grande Région
Ce projet de valorisation des écorces de bois porte le nom d'ExtraBark. Il est mené de front commun par plusieurs acteurs scientifiques au sein de la Grande Région, une zone géographique regroupant la Wallonie, le Luxembourg, l'Est de la France et une partie de l'Allemagne.
"Dans cette région très riche au niveau forestier, on retrouve une abondance de coproduits du bois, notamment les écorces. On peut utiliser ces produits en paillage ou les brûler pour l'énergie, mais ces débouchés ne permettent pas d'exploiter tout le potentiel des écorces", explique William Donck, co-responsable du projet Extrabark et expert en produits biosourcés chez Valbiom.
"Donc l'objectif ici, c'est de pouvoir montrer qu'on peut valoriser les écorces d'une autre manière, notamment à travers les molécules qui les composent."
Un outil environnemental et agricole
Cette méthode circulaire de transformation des écorces en outils de biocontrôle est porteuse économiquement pour l'industrie du bois. Mais elle revêt aussi une importance capitale pour les agriculteurs et l'environnement.
"Aujourd'hui, les exploitants agricoles sont un peu pris en étau entre leur besoin de produire et de protéger leurs cultures, mais aussi celui de préserver l'environnement et leur santé", rappelle William Donck. "Face aux pesticides, il y a donc un besoin urgent d'alternatives. Et Extrabark remplit complètement cette mission : il veut fournir des produits efficaces contre les pathogènes, tout en protégeant l'agriculteur et l'environnement."
Dans les prochains mois, la recherche sur les écorces bois devrait se prolonger sur le campus de Gembloux Agro-Bio Tech. Le défi sera ensuite de commercialiser le produit, en franchissant un à un les obstacles liés à l'homologation et la mise en vente sur le marché européen.
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