Grimper dans les arbres d’une forêt tropicale grâce à la réalité virtuelle : c’est l’expérience proposée par l’ASBL Nature+ de Gembloux Agro-Bio Tech. Le but : sensibiliser à la préservation des arbres monumentaux, véritables réservoirs de biodiversité.
Voyager tout en restant chez soi n’a jamais été aussi facile. À Gembloux Agro-Bio Tech, des ingénieurs forestiers viennent de mettre au point un casque de réalité virtuelle permettant de se retrouver, en quelques secondes, à plus de 50 mètres de hauteur, au cœur d’un arbre situé dans une concession forestière du sud-est du Cameroun. Grâce à des images prises à 360°, l’expérience est totale et immersive. La vue est imprenable pour observer la canopée d’Afrique centrale.
"C’est incroyable. On a la possibilité de voir ce que les oiseaux ont l’habitude de voir", décrit Gisèle, le masque sur le visage.
"Au sol, on se rend peu compte de ce qui se trouve au-dessus de nos têtes dans les arbres, tellement l’environnement est dense. Mais ici, on est de l’autre côté du rideau. C’est magnifique et impressionnant", poursuit Mathias, étudiant de la faculté.
Protéger les arbres monumentaux
L’arbre dans lequel les utilisateurs grimpent porte le nom de Moabi. En raison de son âge avancé et de son diamètre important, il est classé parmi les arbres monumentaux. C’est pour sensibiliser à la richesse de ces essences qu’un outil virtuel est aujourd’hui développé à Gembloux Agro-Bio Tech.
"Les arbres monumentaux sont fondamentaux pour la biodiversité. Ils abritent des épiphytes, des oiseaux — notamment cavicoles —, des chauves-souris et de nombreux insectes", énumère Guillaume Nève, ingénieur forestier et gestionnaire de projets au sein de l’ASBL Nature+.
"Et ces arbres ont une génétique très rare." S’ils sont si vieux et imposants, "c’est parce qu’ils ont été capables de survivre à une série d’événements climatiques. Ils ont permis de faire perdurer une génétique particulière au fil du temps."
Compenser les pertes des entreprises forestières
À terme, l’outil virtuel nourrit une seconde finalité : créer une forme de tourisme virtuel monétisé. Ce produit financier pourrait générer des fonds destinés à inciter les exploitants forestiers à épargner les arbres monumentaux de l’abattage.
" On essaie de trouver des sources de financement pour compenser l’exploitation d’un arbre monumental", poursuit Guillaume. "Les sociétés forestières qui décideraient de ne pas les couper seraient alors rétribuées financièrement pour compenser leurs pertes de revenus."
L’argent généré par cette activité touristique virtuelle pourrait aussi bénéficier aux habitants de ces forêts, en contact direct avec les arbres monumentaux."On aimerait, in fine, impliquer les populations locales qui vivent en périphérie des concessions et qui bénéficient des produits de la forêt. Ces autochtones représentent des garants précieux des arbres monumentaux", conclut Guillaume.
Cette initiative, financée par le Programme de Promotion de l'Exploitation Certifiée des Forêts (PPECF), associe donc technologie, sensibilisation et développement durable. Elle offre une nouvelle voie pour valoriser le patrimoine forestier en Afrique tropicale. Et pour créer des alternatives économiques à l’exploitation intensive des ressources naturelles.
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