Depuis plusieurs mois, des chercheurs de Gembloux Agro-Bio Tech étudient le potentiel de plantes médicinales contre la malaria. Ces ressources pourraient devenir des alternatives efficaces contre les agents pathogènes du paludisme.
"Lantana camara" ou "Croton sylvaticus". Ces noms de plantes et d’arbustes ne vous disent peut-être rien. Et pourtant, ces ressources pourraient bientôt devenir de véritables alliées contre la malaria. À Gembloux Agro Bio Tech, elles sont en tout cas considérées comme des alternatives accessibles pour lutter contre les agents pathogènes responsables du paludisme.
"L’essence de cette recherche découle d’un constat alarmant : le fait que la malaria est la maladie parasitaire la plus mortelle au monde", explique Pierre Leonel Taguimjeu, chercheur au laboratoire de chimie des molécules naturelles, sur le campus de Gembloux Agro-Bio Tech. "Les derniers chiffres publiés par l’Organisation mondiale de la santé font état de 263 millions de cas de paludisme dans le monde, incluant 597 000 décès."
Cibler des molécules efficaces
L’enjeu de santé publique est réel, ce qui pousse à accélérer les recherches. Dans ce laboratoire, les fractions de plantes tropicales récoltées sont soumises à des chromatographies successives pour isoler des molécules pures. C’est le potentiel médicinal de ces particules qui est ensuite étudié.
"Dans un premier temps, on va analyser la structure des molécules qu’on a trouvées. Et dans un second temps, en collaboration avec l’Université de Liège, on va analyser l’activité antiplasmodiale de l’échantillon, pour voir à quel point la molécule est efficace contre les agents pathogènes du paludisme", détaille Marie Charmes, stagiaire et collaboratrice au sein du laboratoire de chimie des molécules naturelles à Gembloux.
Les vertus de la "Lantana camara"
Bien que les tests soient toujours en cours, les premières analyses révèlent déjà des résultats prometteurs — notamment pour les composés issus de la Lantana camara. "À la fois les feuilles et les racines de cette plante ont montré des résultats antiplasmodiaux positifs. Ces molécules pourraient donc devenir des candidats sérieux à la confection d’un nouvel agent thérapeutique pour lutter contre le paludisme", dévoile le chercheur Leonel Taguimjeu.
Alors que les traitements classiques contre la malaria à base de chloroquine ou de quinine perdent en efficacité, la recherche veut miser sur ces plantes médicinales, car elles apparaissent aujourd’hui comme des solutions durables. "C’est une approche plus naturelle de passer par les plantes", justifie Marie Charmes. "Et il ne faut pas non plus oublier les retombées positives que cela peut avoir ensuite sur les vies humaines."
Au-delà du travail de laboratoire, ces chercheurs adoptent ici une approche novatrice contre le paludisme. Ils apportent une validation scientifique à des pratiques médicinales généralement qualifiées de plus traditionnelles.
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