Le 8 mai 1945 était ratifiée la capitulation des troupes allemandes, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Une journée fondatrice pour la paix, mêlant joie et inquiétude chez les familles sans nouvelles de leurs proches déportés.
Moins célébré que le 11 novembre, le 8 mai reste pourtant une date fondamentale de notre histoire contemporaine. En 1945, il marque la capitulation de l’occupant nazi et la libération de l’Europe par les Alliés. Une libération qui, dans nos régions brabançonnes, notamment à Perwez, avait débuté dès septembre 1944, sous l’impulsion de la 2e division blindée américaine, surnommée "Hell on Wheels", soit "l’Enfer sur roues".
"Ils sont entrés en Belgique le 2 septembre 1944. Après une panne d’essence de trois jours, les troupes ont repris leur progression le 5 septembre, avec pour objectif de libérer la Belgique en passant notamment par le Brabant wallon, pour rejoindre ensuite le canal Albert", retrace Benjamin Heylen, conservateur du Musée du Souvenir 40-45 à Perwez. "Pour vous donner une idée, cette percée sur notre territoire a impliqué plus de 17.000 soldats et 2.700 véhicules. C’était donc un impressionnant charroi qui a traversé notre région à cette époque."
Du chocolat pour les enfants
Marquée par la ségrégation, l’armée américaine reléguait ses soldats afro-américains à l’arrière des lignes lors des combats. À la libération, une fois l’ennemi repoussé, ce sont donc avec ces soldats afro-américains que les Perweziens ont majoritairement échangé. Les enfants, par exemple, recevront des tablettes de chocolat.
"Pendant la libération et les jours qui ont suivi, les enfants du village ont reçu du chocolat au lait américain. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que ce chocolat était sur-vitaminé, car conçu comme ration de secours pour les soldats", raconte Benjamin Heylen, en se remémorant une anecdote transmise par son grand-père. "Bien sûr, les enfants ne se sont pas contentés d’un carré, mais ont mangé la tablette entière. Résultat : ils sont tous tombés malades, victimes d’une crise de foie. Après les privations de l’occupation, une telle quantité de sucre et de calories d’un coup était trop élevées pour leurs estomacs."
Sans nouvelles des déportés
Si cette anecdote illustre la joie de la libération, elle contraste avec l’angoisse qui persistait chez de nombreuses familles en 1945. Beaucoup restaient sans nouvelles de leurs proches faits prisonniers ou déportés dans les camps de concentration.
"Toutes les infrastructures ferroviaires et de transport étaient détruites. Il était donc pratiquement impossible pour les Américains, les Anglais ou les Français de rapatrier les prisonniers immédiatement. Il a fallu plusieurs mois pour tout remettre en ordre. Malheureusement, beaucoup de prisonniers sont morts après la libération, faute de soins ou d'assistance", explique Guy Levecq, vice-président de la Société Royale des Médaillés et Décorés de Namur.
En cette année de commémoration du 80e anniversaire de la libération, il est donc essentiel de se souvenir de celles et ceux qui ne sont jamais revenus des camps, et d’honorer les soldats tombés pour la paix.
"Il ne faut jamais oublier que c’est grâce au sacrifice de tant d’êtres humains, de soldats et de résistants, que nous sommes là aujourd’hui", insiste Guy Levecq. "J’ai 74 ans. J’ai connu des moments difficiles dans ma jeunesse, mais je suis heureux de n’avoir jamais vécu tout cela."
Un devoir de mémoire face aux conflits actuels
Les commémorations du 8 mai doivent aussi demeurer un moment solennel. Une pause dans le tumulte du présent, pour se souvenir de notre passé et dénoncer les violences encore perpétrées aujourd’hui — en Ukraine, en République démocratique du Congo ou à Gaza, en Palestine.
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