La société ENECO espère déposer en mai prochain à l’administration communale de Perwez un dossier de renouvellement de son parc éolien. Nouvelle concrétisation de ce projet : l’organisation jeudi soir au Perwex d’une réunion d’information préalable, une soirée qui a attiré quelques dizaines de personnes et des membres du collège communal. Son but était de permettre à chacun d’émettre des observations et suggestions, de faire ressortir des points particuliers et des alternatives techniques raisonnablement envisageables dans l’étude d’incidences sur l’environnement qui sera confiée au bureau Sertius, basé à Louvain-la-Neuve.
Vous avez dit ENECO ?
La séance a débuté par une présentation du porteur de projet : Eneco Wind Belgium. Cette filiale d’un groupe néerlandais exploite 19 parcs éoliens en Belgique (95 éoliennes) pour une capacité de 200 MW. Treize de ces parcs sont installés en Wallonie (77 éoliennes). A Perwez, Eneco Wind Belgium a racheté le parc d’Air Energy créé en 2005 (5 éoliennes) et celui d’Aspiravi créé en 2006 (3 éoliennes). Ces 8 éoliennes produisent chacune 3.500 MWh par an.
Quel projet à Perwez ?
Jeudi soir, le projet de renouvellement du parc éolien d’Eneco a fait l’objet d’une présentation sommaire. Ce parc sera constitué de 7 éoliennes au lieu de 8 actuellement. Mais les futures machines seront plus puissantes : entre 3,3 et 4,2 MW par unité (1,5 MW aujourd’hui). Elles produiront 70.000 MWh par an, soit la consommation de 20.000 ménages. De quoi épargner 34.000 tonnes de CO2. Et comme le site est réputé venteux, cela vaut la peine d’y optimiser la production d’électricité.
Les éoliennes seront également plus hautes : entre 170 et 180 mètres pales comprises (2 éoliennes sur 7 seraient – suivant La Défense – limitées à 177 mètres). Elles seront implantées à minimum 720 mètres de la zone d’habitat la plus proche (soit 4x la hauteur d’une éolienne) et à 600 mètres minimum des habitats isolés les plus proches (le Cadre éolien wallon recommande 400 mètres). L’alignement des éoliennes sera le même qu’actuellement, avec une ligne de 3 éoliennes et une ligne de 4. Par contre, les machines seront plus espacées pour favoriser la production. Des photomontages censés illustrer l’impact visuel du futur parc ont été présentés à l’assistance.
Les technologies les plus récentes seront utilisées pour réduire le bruit au maximum. L’opérateur s’engage également à enlever la totalité des fondations devenues inutiles et à les remblayer avec des terres cultivables. Il réutilisera aussi un maximum de ce qui existe sur place, notamment les câbles électriques. Une fois les anciennes éoliennes démontées, leurs pièces seront vendues sur le marché de l’occasion ou serviront à réparer les éoliennes du parc de Gembloux-Sombreffe qui appartient également à Eneco Wind Belgium.
Un comité de suivi
La volonté d’Eneco Wind Belgium est aussi de mettre sur pied un comité de suivi, comme cela fonctionne ailleurs pour d’autres projets. Un comité où seront représentés les riverains, la commune, le promoteur et les experts. Celui-ci sera actif pendant le développement du projet et la construction du futur parc éolien.
Quelles retombées ?
Sur le plan local, il y aura des retombées financières pour la commune via la taxe sur les mâts éoliens dont le rendement va augmenter. Eneco Wind Belgium se dit prête à discuter d’une participation communale ou citoyenne, ou d’un financement participatif (avec retour sur investissement).
Le public a la parole
Les personnes présentes hier soir au Perwex ont détaillé leurs préoccupations. En voici quelques-unes… Quid de la co-visibilité entre parcs ? Pourquoi ne pas laisser le parc actuel continuer à produire et en créer un autre ailleurs ? Quels sont les impacts réels du bruit des éoliennes (infrasons) sur la santé des riverains ? Les futures éoliennes seront-elles plus bruyantes ? Quid des habitations isolées les plus proches et donc les plus exposées au bruit ? Quel impact visuel avec des mâts 1×1/2 plus grands ? Quel impact sur la faune ? Quid du balisage des éoliennes ?
L’avenir de l’éolien… et d’Eneco
Au cours de la séance, le public a pu enregistrer quelques informations utiles. A l’horizon 2030, la Wallonie s’est engagée à atteindre 21% d’énergie renouvelable (32,5% pour l’Europe). Ce qui nécessitera grosso modo 350 éoliennes à installer ou à remplacer. Interpellés par un des participants à la réunion, les représentants d’Eneco Wind Belgium ont confirmé que la maison-mère installée à Rotterdam était en vente mais on ne connaît pas encore le repreneur.
Des mesures de bruit en cours
Eneco Wind Belgium précise que le parc de Perwez fait l’objet d’une campagne acoustique depuis le mois d’octobre dernier. Quatre récepteurs effectuent des mesures et celles-ci ont montré que la rue du mont était le lieu le plus impacté par le bruit des éoliennes. Résultat : la vitesse de deux éoliennes est bridée depuis un mois. Il faudra d’ailleurs aussi brider la vitesse des futures machines pour éviter un dépassement des normes.
Le retour du balisage
Le promoteur précise également que le balisage de ses huit éoliennes actuelles n’était plus nécessaire. Par contre, les futures machines seront à nouveau balisées. Mais le promoteur négocie avec La Défense pour n’activer ce balisage qu’en cas de nécessité, ce qui réduirait d’autant les nuisances visuelles pour les riverains.
Les délais pour réagir
La population a jusqu’au 1er février prochain pour adresser ses suggestions et observations complémentaires au collège communal et au promoteur. Elles nourriront l’étude d’incidences du projet sur l’environnement. Une fois cette étude réalisée et le projet affiné, celui-ci fera l’objet d’une demande de permis déposée à l’administration communale de Perwez. Une enquête publique de 30 jours aura lieu et permettra à nouveau à la population de s’exprimer. D’autres avis seront également sollicités. Et c’est la Région wallonne qui statuera sur la demande de permis.
Emmanuel Schu
Notre reportage du 8 janvier :
Un projet de renouvellement du parc éolien d’Eneco Wind Belgium à Perwez